Depuis décembre 2022, les mauvaises nouvelles s’accumulent : comme un quart des universités, l’Université Paris-Est Créteil (UPEC) se retrouve avec un déficit important (de l’ordre de 10 millions d’euros en 2022 et 2023) ; au printemps 2023, la Cour des comptes pointe la mauvaise gestion de l’UPEC ; des mobilisations locales rendent visible l’insalubrité du bâtiment de la Pyramide, la fermeture de restaurants universitaires (sans solution de restauration de rechange) à l’INSPE ou encore le sous-financement et le sous-effectif du service informatique de l’UPEC.
De manière plus globale, on ne peut pas passer sous silence la destructuration des services : en effet la vision courtermiste de la direction en matière de politique de ressources humaines BIATSS a généré un turn-over récurrent et généralisé. Les problèmes psycho-sociaux sont présents comme jamais dans les services. Les agents sont de plus en plus précarisés, tant pour les contractuels qui enchainent les contrats d’un an sans pouvoir espérer une stabilisation que pour les titulaires qui ont de moins en moins de perspectives d’évolution ou de mobilité.
Pour trouver des solutions aux problèmes financiers, la présidence impose restrictions sur restrictions : les personnels enseignants devront accepter d’être moins rémunérés qu’avant pour l’organisation administrative ou pédagogique des groupes d’étudiant-e-s (RNA), la dotation globale (qui concerne aussi bien les fournitures que les missions ou les heures complémentaires) des laboratoires et des composantes est diminuée de 20%. On apprend aussi, à la rentrée, un gel massif de postes dans l’ensemble des composantes : les départs d’enseignant-e-s (retraite, mutation) ne seront pas remplacés, sans même parler de création. C’est une réduction drastique du nombre d'enseignants conduisant mécaniquement à un sous-encadrement des étudiant-e-s. Il faudrait donc encore et toujours faire des économies au détriment des bonnes conditions de travail et d’études, dans l’espoir d’assainir les finances d’ici cinq ans.
Aux problèmes locaux, s’ajoutent les profondes remises en cause du service public d’enseignement supérieur du fait de la politique dite d’« excellence » dont l’UPEC fait les frais, comme nombre d’université depuis la LRU. Sous couvert d’excellence, les salaires de la majorité des personnels stagnent (et même baissent du fait de l’inflation), tandis que, avec la mise en place du RIPEC et de dispositifs d'intéressement, des primes sont distribuées à certain-e-s ; certaines catégories de personnels, à l’image des PRAG et PRCE (enseignant-e-s à temps plein ayant le même statut que dans le secondaire), sont littéralement exclus de l’attribution de cette prime et se sont organisés, nationalement et à l’UPEC en septembre avec les étudiant-e-s après avoir démissionné de leurs responsabilités administratives en juin. La dotation pérenne des universités stagne, et les financements nécessaires par exemple à la rénovation des bâtiments ne sont accordés qu’à certaines : les financements ne sont pas suffisants pour répondre à l'ensemble de nos besoins. La présidence de l’UPEC fait cependant tout ce qui est en son pouvoir pour être le bon élève du ministère : l’université répond à de nombreux appels d’offres censés faire de l’UPEC une université d’excellence. En réalité, ces budgets supplémentaires convoités ne représentent que des petites cuillères avec lesquelles on tente désespérément d’écoper un bateau qui prend l’eau. L’ambition du ministère, qui pourtant n’a que l’autonomie des universités à la bouche, est quoiqu’il arrive de faire de l’UPEC une université limitée au premier cycle, formant des étudiant-e-s jusqu’à la licence suivant les besoins des entreprises du territoire ; pour les disciplines moins strictement utilitaires, pour le cycle master et plus encore en doctorat, il faudra faire avec des budgets réduits à peau de chagrin.
Au total,
L’UPEC doit faire avec 7 000 € par an et par étudiant-e-s, alors que les universités Paris Saclay ou Sorbonne Université ont 11 000 €, avec deux fois moins d’étudiant-e-s venant de milieux populaires.
Ce sont les étudiant-e-s de l’UPEC, déjà paupérisés qui vont payer les pots cassés, dans une université française à deux vitesses. La situation de l’UPEC, si elle est aggravée par une gestion ubuesque qui a complètement désorganisé les services centraux, s'inscrit dans la lignée de 15 ans de politiques néolibérales : réduction des financements publics, sélection des étudiant-e-s, hausse des frais d’inscription et concurrence généralisée ; c'est-à-dire le programme de la LRU.
Nous revendiquons :
- Le renoncement au gel des postes et des suppressions ou non-renouvellement des contrats (CDD comme CDI)
- La revalorisation immédiate de la subvention de l'État pour que le financement par étudiant·e·s atteigne la moyenne nationale.
- L'abondement de l’État pour financer des travaux (notamment en ce qui concerne le bâtiment Pyramide) et le non-recours au distanciel comme solution de facilité pour régler des problèmes de gestion courante (comme des bâtiments non chauffés ou insalubres)
- L'augmentation des postes (Enseignant-e-s et BIATSS) à hauteur des besoins, et plus généralement tous les moyens nécessaires pour fonctionner.. Nous refusons le non-renouvellement des CDD et des vacataires
- A travail égal, rémunération égale, pour toutes les catégories de personnel, que ce soit pour les primes des PRAG/PRCE ou pour l'alignement du RIFSEEP sur les meilleurs taux servis dans la fonction publique.
Nous nous joignons à l’appel interprofessionnel du 13/10 à la grève. Nous appelons à une journée "UPEC morte" et à nous rassembler sur la dalle à 10h pour se rendre en manifestation jusqu'au rectorat de Créteil avant de rejoindre la manifestation l'après-midi.
Pétition issue de l'Assemblée Générale de l'UPEC du 3 octobre 2023, AG appelée par l'intersyndicale CFDT-CGT-FO-FSU-Sud Éducation.