En avril 2019, neuf enseignantes du collège Robespierre à Épinay-sur-Seine dénoncent des faits de harcèlement sexiste et sexuel de la part d’un de leurs collègues à leur chef d’établissement. Depuis, elles ont dû entreprendre un véritable parcours des combattantes pour se faire entendre et que la situation soit prise en compte par l’administration, en vain. A plusieurs reprises, lors de l’enquête administrative, elles subissent des remarques culpabilisantes et inappropriées de la hiérarchie, validant le pire de la culture du viol : « comment étiez-vous habillées de jour-là ? », « certes, il faut protéger les victimes mais aussi l’accusé, faudrait-pas qu’il nous claque entre les doigts », « est-ce que vous avez dit non ? C’est important de dire non. », « Si vous ne portez pas plainte, cela sera compliqué pour l’administration de réagir »...
Ce n’est qu’au mois de juin 2019 qu’elles obtiennent la protection fonctionnelle. On aurait pu alors espérer que le rectorat mettent en œuvre les mesures de protection des collègues victimes qui subissent au quotidien et pendant des mois la présence de leur agresseur. Or, dans le cadre de la commission paritaire qui aura lieu le 12 septembre 2019 , devant statuer sur la mutation de l’agresseur dans l’intérêt du service à l’initiative du rectorat, le recteur prend la décision de ne pas acter la mutation.
Aujourd’hui, plus de deux ans après la dénonciation des faits, l’agresseur est toujours en poste au collège. Plusieurs des victimes sont toujours dans l’établissement. D’autres l’ont quitté. Toutes subissent encore les conséquences physiques et psychologiques des violences qu’elles ont subies et de l’absence de protection de l’administration.
Six d’entre elles saisissent la justice et sept reçoivent une convocation au tribunal de grande instance de Bobigny le 9 novembre pour témoigner en qualité de victimes. On ne peut que se féliciter que les plaintes déposées par les victimes ne fassent pas parties des 93 % classées sans suite en France.
Le 9 novembre, le tribunal décide de reporter l’audience au 28 juin, estimant le temps imparti insuffisant au regard de l’ampleur du dossier.
En attendant cette date tardive, l’agresseur continuera à exercer ses fonctions dans le collège, faute de mesures de protections de l’administration.
SUD éducation 93, au côté des collègues et camarades victimes depuis le début de cette affaire, continue de leur exprimer leur soutien indéfectible et continuera à les accompagner dans leur lutte.
SUD éducation 93 dénonce les pratiques de l’administration qui protège les agresseurs et met en danger les victimes de violences sexistes et sexuelles.
SUD éducation 93 revendique :
• la création d’une cellule d’écoute et de conseil au rectorat capable de répondre aux collègues,
• la création d’un poste de référent·e "violences faites aux femmes" au sein du service des ressources humaines du rectorat afin d’éviter que les signalements de violences sexistes ou sexuelles ne restent des semaines sinon des mois sans réponse,
• des campagnes de prévention,
• des formations assurées par l’AVFT (Association contre les Violences faites aux Femmes au Travail) pour les équipes qui en ressentent le besoin,
• des mesures de protection des agentes qui dénoncent les violences sexuelles ou sexistes avec la suspension avec traitement des agresseurs présumés le temps que le rectorat procède à des enquêtes administratives,
• l’application effective des lois, et notamment de la circulaire du 9 mars 2018 relatives à la lutte contre les violences sexistes et sexuelles au travail.
Dans le cadre de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, SUD éducation 93 appelle au RDV suivants :
Samedi 20 à 13h : manifestation avec NousToutes / départ à République
Jeudi 25 novembre à 9h : AG de grève en non-mixité choisie sans homme-cis à la BT de Saint-Denis puis tournées d’établissements
Jeudi 25 novembre à 18h : marche aux flambeaux organisée par les Dionysiennes. départ devant la médiathèque du centre-ville de Saint-Denis