Le lycée Mozart (Le Blanc-Mesnil) au bord du gouffre: que peut-on encore attendre de l'académie de Créteil?
À Bobigny, le 4 janvier 2023
Depuis la rentrée scolaire 2021, les personnels du lycée Mozart (Le Blanc-Mesnil) subissent les méthodes brutalisantes d’un chef d’établissement qui, après avoir sévi dans une académie voisine, a été installé en grande pompe par le recteur de Créteil. Dans le scénario fantasmatique échafaudé par les autorités académiques, il s’agissait de mettre fin à la « culture d’établissement » d’un lycée présenté comme « ingérable ». Force est de constater qu’au lycée Mozart, l’Éducation nationale semble fort peu intéressée par la réussite, l’épanouissement et l’émancipation des élèves, encore moins par le bien-être des personnels : priorité est donnée à la pulvérisation d’un collectif professionnel pourtant rôdé qui, par son implication sans faille, a largement contribué à en faire jusque-là un établissement reconnu.
Or, depuis la rentrée 2021, rien ne va plus au lycée Mozart. Nos organisations syndicales n’ont eu de cesse d’alerter l’Éducation nationale à tous les échelons sur le management par le stress et l’intimidation mis en place par le proviseur depuis son arrivée et sur l’extrême souffrance des personnels qui en résulte. Le doute n’est plus permis : le lycée Mozart est le paradigme de la francetélécomisation qui vient.
L’an passé, déjà, la visite du CHSCTD du 19 mai avait révélé un fonctionnement hautement maltraitant. Mais les préconisations votées par cette instance paritaire ont été foulées aux pieds par le proviseur dès la rentrée 2022. À la faveur de la mobilisation récente des personnels et des parents d’élèves face à la mise en danger manifeste que génèrent les agissements du chef d’établissement aux dépens des élèves et des personnels – une plainte a été déposée par les élu·es des parents à l’encontre du proviseur et un signalement au procureur de la République a été rédigé par plusieurs personnels du lycée –, de nombreux articles de presse ont détaillé par le menu un système de terreur qui broie les collègues les un·es après les autres et les confine dans un état de détresse qui laisse présager le pire.
Depuis de longs mois, le rectorat de Créteil ferme délibérément les yeux sur les menées toxiques du chef d’établissement. Comment expliquer que deux signalements de la médecine préventive de la DSDEN 93 qui font état d’une situation grave de souffrance collective au sein du lycée, rédigés les 25 mai et 26 septembre 2022, soient restés lettre morte après leur transmission au rectorat?
Lors d’une audience à Créteil le 10 novembre 2022, au cours de laquelle les représentant·es des personnels et des parents d’élèves ont de nouveau demandé le départ de l’actuel chef d’établissement, aucune réponse concrète n’a été apportée par les autorités académiques. Une « mission d’évaluation de la situation » a été dépêchée du vendredi 25 au mardi 29 novembre dernier : elle devait rendre ses conclusions « dans les plus brefs délais ». À ce jour, les personnels n’ont eu aucun retour, sous quelque forme que ce
soit, malgré les engagements pris par l’institution.
Aujourd’hui, ainsi que nous l’avions prévu et annoncé, l’intimidation et la terreur permanentes ont fini par avoir raison de la santé de nos collègues et de la continuité du service public : le nombre de collègues placé·es en arrêt maladie pour épuisement professionnel, anxiété au travail ou dépression explose au sein de l’établissement. Face à cette situation délétère, le proviseur s’acharne à poursuivre sa politique de la terre brûlée en dénigrant, lors des derniers conseils de classe, les professeur·es malades qui manqueraient, selon lui, de conscience professionnelle.
Jusqu’à quand cette situation intolérable va-t-elle durer ? Nous continuons d’apporter notre plein soutien aux personnels de l’établissement et exigeons en particulier le retrait d’un rapport disciplinaire aussi extravagant que mensonger rédigé par le proviseur à l'encontre de deux collègues. Avant qu’il ne soit trop tard, c’est avec une grande solennité que nous demandons aux autorités académiques et ministérielles de renoncer à cette répression qui ne dit pas son nom et d’agir au plus vite. Pour la santé et la sécurité de tou·tes au lycée Mozart, le temps n’est plus aux manœuvres dilatoires : un·e nouveau·elle chef·fe d’établissement doit être nommé·e pour restaurer le dialogue ainsi qu’un climat propice au travail et au bienêtre de l’ensemble de la communauté scolaire.