Le collège Travail Langevin (Bagnolet), en lutte !

Courrier au directeur académique du Collège Travail Langevin, Bagnolet

Le 15 décembre 2022, nous, personnels enseignants et Vie scolaire du collège Travail-Langevin de Bagnolet, vous adressions un courrier de demande d’audience, pour vous alerter sur le délitement du pôle médico-social dans notre établissement. Vous aviez refusé de nous recevoir, et aviez tenté de nous rassurer dans un courrier de réponse, qui nous avait, alors, paru particulièrement hors-sol.

L’année scolaire touche à sa fin, les services que vous dirigez, n’ont apporté aucune réponse aux problèmes soulevés par notre courrier. Le collège Travail-Langevin, établissement REP du département le plus pauvre de France, a passé une année scolaire entière, sans assistant social et quasiment sans infirmière (celle-ci étant en arrêt, depuis le 23/09/22).

Le « pôle » médico-social, a, donc, été réduit, cette année, à la présence, 12 heures par semaine, d’une psychologue de l’Education Nationale (PsyEN), arrivée seulement au mois de décembre.  Dans un établissement aux besoins d’accompagnement éducatif, sanitaire et social, considérables, comme le nôtre, cette situation a eu des conséquences extrêmement concrètes et dramatiques. Les tâches les plus urgentes de l’assistant social et de l’infirmière sont, mécaniquement, retombées sur les personnels de direction et de vie scolaire, lesquels ne sont pas formés pour cela et sont, surtout, déjà débordés par leurs missions propres. Les conséquences se sont, donc, fait sentir pour ces personnels, qui, malgré leur bonne volonté, se sont épuisés à faire un travail qui n’était pas le leur ; mais elles se sont, surtout, fait sentir pour nos élèves et leurs familles. Nombre de situations sociales n’ont pas été décelées, ou alors insuffisamment suivies et traitées, et il en est de même pour les questions relatives à la santé des élèves. L’absence d’infirmière n’a pas permis un travail de fond sur les questions de dépistages médicaux, de prévention ou encore d’accompagnement des familles. Et cette absence met, également, nos élèves en danger, en cas d’accident grave.

Un tel constat, qui plus est dans le cadre d’une éducation « prioritaire », est scandaleux. Il s’agit là d’une rupture d’égalité des chances insupportable. Vous savez, aussi, à quel point le bâti de notre établissement est vétuste et délabré, et sa gestion matérielle précaire et éprouvante.  Nous sommes des professionnels motivés et engagés pour la réussite de tous nos élèves. Mais nous sommes épuisés et révoltés. Nous sommes épuisés, d’abord, de devoir constamment compenser ces manquements graves, et dépités de constater que cet engagement maximum ne suffit pas. Nous sommes également révoltés de constater, au quotidien, le décalage entre les discours de notre institution, sur l’équité et l’égalité des chances, placées au cœur du projet républicain, et les difficultés liées aux besoins les plus élémentaires, que nous rencontrons, au quotidien.

Le 22 décembre dernier, dans une tribune parue dans le journal Le Monde, le Ministre de l’Education Nationale, Pap Ndiaye, plaçait l’égalité des chances, parmi les priorités de son mandat. Ainsi, il écrivait : « Une école qui, tout en la promettant, n’accorde pas l’égalité produit non seulement des injustices, mais aussi une défiance et un sentiment de colère dans les classes populaires ». Nous ne disons pas autre chose.

C’est pourquoi nous nous sommes réunis, en cette fin d’année scolaire, et avons pris les décisions suivantes :

Nous refuserons d’accueillir nos élèves et de faire la rentrée scolaire, tant que les trois postes médico-sociaux (Assistant.e social.e, Infirmier.ère, PsyEN) ne seront pas pourvus.  Il s’agit là d’une décision forte, à la hauteur de notre indignation. Nos demandes ne sont pas extravagantes, elles sont entièrement légitimes, et se fondent sur des dispositions légales. Vous comprendrez que dans une situation aussi dégradée et dangereuse, nous refusons de repartir sur une année scolaire, dans les mêmes conditions.

Nous communiquerons, en amont, avec les familles pour expliquer notre position, et nous nous en ferons les relais, dans les médias, également.

Un autre point de scandale, et de colère, pour nous, est le manque criant et inquiétant d’AESH, pour accompagner nos élèves à besoins éducatifs particuliers. Cette année encore, plusieurs élèves en droit de recevoir l’aide d’un(e) AESH n’ont pas été accompagnés, de l’année, et ont complètement perdu pied. Les droits fondamentaux de ces élèves à bénéficier d’une aide, dans le cadre de l’Ecole « inclusive », n’ont pas été respectés, ce qui met en péril leurs apprentissages et leur scolarité. Nous demandons un plan d’urgence, pour que cette situation d’accompagnement de nos élèves à besoins particuliers, soit réglée, d’ici la fin du mois de septembre.

Nous espérons, néanmoins, ne pas avoir à en arriver là, et pouvoir accueillir nos élèves, comme il se doit, c’est à dire dans des conditions élémentaires, dignes et légales, de sécurité et d’accompagnement, dès le premier jour.

Dans l’attente, veuillez agréer, Monsieur, nos sincères salutations.

Les personnels enseignants et Vie scolaire du Collège Travail Langevin réunis en heure d’information syndicale, le 5 juillet 2023