Le lycée Maurice Utrillo (Stains), en lutte !

Lycée Maurice Utrillo, Stains

Communiqué intersyndical

 

 

L’extrême-droite n’a rien à faire dans nos établissements !

 

 

 

Mardi 19 septembre 2023, deux députés du Rassemblement National ont tenté de pénétrer dans l’enceinte du lycée Utrillo (Stains), sans y être invités, accompagnés des caméras et micros de médias d’extrême-droite dont la rédaction d’articles mensongers et racistes est le fonds de commerce. La vigilance de la direction, dont nous saluons la probité, a permis de les maintenir hors de l’établissement. Ils sont restés devant le lycée en poussant des cris d’orfraie face à la présence de la police. Ces deux individus sont en effet venus pour intimider et semer la panique au sein de cet établissement de la République, où équipes éducatives et élèves travaillent sérieusement et dans la sérénité.

Nos organisations syndicales CGT Éduc’Action 93, Snes-FSU 93, le Snep-FSU 93, Sud Éducation 93, l’UNSA Éducation 93, dénoncent avec force ce coup de communication sordide. Il s’inscrit dans le contexte de la politique du ministère de l’Éducation nationale qui a fait de sa priorité de rentrée le débat sur l’abaya, entraînant une polémique raciste insupportable et légitimant les pires revendications de l’extrême-droite : la stigmatisation voire l’exclusion des personnes supposées de confession musulmane. Majorité gouvernementale et Rassemblement National marchent main dans la main pour pointer du doigt ces jeunes élèves comme les boucs émissaires des échecs de l’école publique. Or, ce sont les politiques néolibérales qui ont détruit la qualité de l’enseignement et d’accueil des élèves.

Le harcèlement raciste des élèves mais aussi des enseignant∙es, personnels de vie scolaire, AESH, personnels techniques, administratifs et du pôle santé-social, exige une réponse ferme du rectorat de Créteil et du ministère de l’Éducation nationale. Les attaques sexistes et homophobes ont aussi déferlé. Le proviseur adjoint du lycée Utrillo, qui n'a fait que son travail, est aujourd'hui la cible d'une campagne haineuse de calomnie homophobe. Nous lui apportons tout notre soutien. Des agent∙es de l’État ne peuvent être ciblé∙es et calomnié∙es de la sorte. Nous exigeons des mesures de protection à la hauteur de la gravité des faits : cette tentative d’intimidation fait de l’établissement, des usager·es qui y sont accueilli·es et des personnels qui y travaillent au quotidien, des cibles.

Les organisations syndicales CGT Educ’Action, Snes-FSU, Snep-FSU, Sud Éducation l’UNSA Éducation continueront de défendre les principes d’égalité et de liberté, de combattre les idées fascistes et le racisme, de défendre la laïcité issue de la loi de 1905 qui permet la libre expression de ses opinions sans faire de tri entre ses citoyens et citoyennes. La police du vêtement n’a rien à voir avec la laïcité.

Dans l’éducation, il est urgent d’obtenir le retour des classes à 24 et non à 30 élèves ainsi que l'exigent les personnels mobilisé·es du lycée Utrillo, depuis le 4 septembre. Il est urgent de pourvoir les postes de personnels éducatifs manquant·es dans 80 % des établissements de l’académie. Dans 60 % d'entre eux, il manque au moins un∙e enseignant∙e. Il est urgent de garantir le droit à l'éducation qui recule dans notre département, le plus jeune mais aussi le plus pauvre de France. Il est urgent de trouver un logement pour les 200 enfants à la rue en Seine- Saint-Denis.

 


Acte 3 : Le ministère nous ignore, notre mouvement continue !

 

A l’issue du rassemblement qui a réuni plus de 200 personnes le mercredi 13 septembre, les services du ministère de l’Éducation nationale n'ont pas daigné nous recevoir pour entendre nos revendications. Ce mépris de l'institution est intolérable !

Nous refusons d’enseigner dans des conditions dégradées qui nuisent à la réussite de nos élèves et nous exigeons toujours :

  • -  Un poste pérenne et entier de C.P.E. et la ré-affectation de notre poste d’A.E.D.
  • -  Des créations de postes correspondant aux 60h que nous avons perdu l’an dernier.
  • -  La réduction des effectifs des classes de la section professionnelle (24 élèves au lieu de 30actuellement) par la création de nouvelles classes et des postes associés.
  • -  La revalorisation des statuts afin que les postes d’infirmier.e.s, de psychologues de l’Éducationnationale et de technicien.ne.s de laboratoire soient pourvus.

    A l’heure où nos dirigeants considèrent l’école comme un fondement de la République, nous ne comprenons pas les mesures discriminatoires qui conduisent à jeter un regard suspicieux sur nos élèves. A l’heure où le gouvernement appelle à veiller sur la santé mentale de nos élèves, nous ne comprenons pas l’absence d’infirmier.e et de psy-EN au lycée. A l’heure où nos dirigeants souhaitent mettre l’accent sur l’apprentissage professionnel, nous ne comprenons pas pourquoi nos classes de la section professionnelle sont en sureffectif. A l’heure où nos dirigeants veulent combattre les inégalités scolaires, nous ne comprenons pas les suppressions de postes et le manque constant de moyens. A l’heure où notre Président veut repenser la fonction des enseignant.e.s et l’Éducation Nationale, nous ne comprenons pas pourquoi nous ne sommes pas écouté.e.s.

    Nous maintenons notre refus d’organiser la misère dans nos établissements et de mettre en pratique la politique islamophobe du gouvernement. Nous exigeons le rétablissement des moyens alloués à l’éducation prioritaire par le passé.

    NOUS REFUSONS DE FAIRE FONCTIONNER NOTRE ETABLISSEMENT SOUS UN REGIME DE PÉNURIE : NOUS DEMANDONS DES MOYENS, PAS DES ELEVES DISCRIMINÉ.E.S !

    Dans ce cadre, nous appelons l'ensemble de la communauté éducative de notre établissement à organiser une journée « lycée mort » le jeudi 28 septembre par la grève des personnels et par l'organisation d'un rassemblement avec les parents d'élèves devant notre lycée.

    Nous appelons également les collègues des autres établissements à organiser un tel événement ce même jour ou à se joindre à nous pour exiger, ensemble, le rétablissement de l'éducation prioritaire.

    Les militant.e.s des sections locales et non-syndiqué.es du lycée Maurice Utrillo

 


 

Appel pour le 13 septembre 2023

Nous n'acceptons pas de voiler le manque de moyens, pas de rentrée au lycée Utrillo !
Pour cette rentrée, notre établissement, pourtant inscrit en politique de la ville, perd :
-60h de cours,
-un poste de conseiller principal d'éducation,
-le demi-poste de technicien·ne de laboratoire n'est toujours pas pourvu,
tout comme celui d’infirmier·e,
-et les élèves en filière professionnelle seront 30 par classe au lieu de 24.

La réalité de cette rentrée nous la partageons bien sûr avec de nombreux autres lycées. La promesse du gouvernement de garantir le bon fonctionnement des établissements scolaires et la présence d'un enseignant·e·s par classe n'est rien de plus qu'un mensonge d’État. Dans nos établissements, le gouvernement coupe les fonds nécessaires à la réussite des élèves et compense ce manque d’investissement par des débats stigmatisants.

Une double violence pour nos élèves.

Rappelons que le système scolaire français est l’un des plus inégalitaires de l’OCDE : dans notre pays les inégalités économiques et sociales exercent la plus grande influence sur les réussites scolaires. À l'extérieur de l'école, les casses sociales successives paupérisent les quartiers. Au lieu d’œuvrer à la diminution de ces inégalités et au lendemain de la mort terrible du jeune Nahel – qui nous a aussi rappelé les violences quotidiennes que nos élèves peuvent vivre –, le gouvernement relance un nouveau débat autour de l'élargissement de la loi de 2004, visant l'interdiction de l'abaya et du qamis. Les politiques qui organisent le manque de moyens, de financement et de personnel s’accompagnent de politiques racistes qui portent un regard de suspicion sur nos élèves.

Nous souhaitons alerter sur la manière dont les principes de laïcité sont appliqués dans nos établissements et les excès qui peuvent en découler, notamment aujourd'hui. La nature cultuelle ou culturelle de l'abaya ne fait consensus ni pour les représentants politiques, ni les représentants du culte musulman. Ces débats incessants sont représentatifs du climat actuel dans toute la société française : les jeunesses populaires ne sont jamais écoutées, ni même accompagnées ; elles sont une fois encore suspectées (de « tester la République »). Nous souhaitons aussi rappeler que nous parlons ici d'adolescents et d'adolescentes et qu'on ne peut politiser toutes formes de remise en question du cadre scolaire de leur part.

Nous souhaitons enfin affirmer qu'accentuer la pression sur ces questions ne peut que dégrader les relations avec nos élèves, briser la confiance nécessaire entre les actrices et acteurs de l'éducation, les élèves et leurs familles, mais aussi et surtout nous éloigner fondamentalement de notre mission de service public : accueillir nos élèves, toutes et tous sans discrimination, assurer leur éducation et leur construction civique pour permettre leur émancipation.

Nous refusons d'organiser la misère dans nos établissements : si nous n'avons pas les moyens d’accueillir nos élèves dignement, il n'y aura pas de rentrée !

communiqué intersyndical mis en page (pdf)

LE LYCÉE UTRILLO APPELLE A UN RASSEMBLEMENT CONTRE L'ISLAMOPHOBIE ET LE MANQUE DE MOYENS DEVANT LE MINISTÈRE, MERCREDI 13 A 15H.

Rassemblement mercredi 13_09

 


Communiqué de la section d'enseignement professionnel du lycée Maurice Utrillo, Stains.

Madame la Rectrice,

Nous, les 24 PLP du lycée Maurice Utrillo, avons choisi l’enseignement professionnel parce que nous croyons que la mission de l’École, c’est aussi d’offrir plus à ceux qui ont moins. Nous nous sommes donné pour vocation de réconcilier avec l’École des élèves ayant intériorisé un sentiment d’échec et un manque d’estime de soi, conduisant, nous le savons trop bien, au décrochage scolaire. Il s’agit là pourtant d’un des thèmes prioritaires de la rénovation professionnelle …

Notre établissement, classé Zone sensible et Politique de la ville, accueille des usagers scolairement et socialement fragiles. Les tests de positionnement à l’entrée en seconde font état d’un degré de maîtrise en mathématiques et français généralement insuffisants. Par ailleurs, les LSU peuvent témoigner des compétences du socle qui leur font défaut. Aujourd’hui, la cohorte qui entre en seconde professionnelle a vécu son premier confinement en 6ème. Ainsi les lacunes accumulées au cours des cycles 3 et 4 ont certainement contribué à leur orientation. Jusqu’ici, grâce aux effectifs plafonnés à 24 élèves, nous pouvions mettre en œuvre des démarches pédagogiques propices à une remédiation ou consolidation des acquis qui leur font défaut.

Le passage à 30 élèves (et l’augmentation des effets constatés en première) ne nous permettra plus de mettre en œuvre la pédagogie de projet, les démarches collaboratives et coopératives, la différenciation … autant d’outils que nous ne pourrons plus mettre au service de ceux qui en ont le plus besoin. Les salles ne permettent pas d’avoir des conditions de travail optimum et de mettre en pratiques les préconisations pédagogiques de la rénovation de la voie professionnelle.

Nous refusons un tel mépris à l’égard de nos élèves, qui eux aussi, ont le droit d’être au centre des apprentissages. Nous ne renoncerons pas à nos engagements : regagner la confiance de nos élèves et de leurs familles, en permettant à tous de réussir, enfin. Nous refusons que cette situation vienne fragiliser encore la confiance des populations à l’égard des institutions, pourtant essentielle à la cohésion nationale, comme nous avons pu le déplorer à l’occasion des récentes émeutes qui ont secoué notre pays.

Au vu de nos conditions d’exercice et pour nous permettre de remplir nos missions, nous refusons des classes à 30 élèves et demandons l’ouverture d’une classe supplémentaire en MRC et le dédoublement en AGORA.

Si l’on accède aujourd’hui à notre revendication d’un CPE supplémentaire, il conviendrait cependant de pérenniser cette décision : sans effectifs supplémentaires la vie scolaire assumait déjà une charge de travail conséquente et avec la perspective de cohortes montantes augmentées, ainsi que la nouvelle tâche de gestion des tenues vestimentaires qui leur incombe, ce poste deviendra d’autant plus indispensable.

Il en va d’ailleurs de même pour le corps enseignant : nous nous attachons à faire partager à nos élèves les codes du monde de l’entreprise, notamment à travers le port d’une tenue professionnelle, à les sensibiliser aux problématiques de harcèlement. Nous refusons d’assumer la charge supplémentaire (que nous jugeons discriminatoire) de » renvoyer de L’École les élèves vêtus de prétendus abayas ou qamis.

Dans l’attente de votre réponse, nous vous prions d’agréer, Madame, la rectrice, l’expression de nos salutations respectueuses.

Les enseignants de la section d’enseignement professionnel.