Moyens, choc des savoirs, jours de carence ; motions présentées (et votées) au Conseil d'administration du collège Gisèle Halimi d'Aubervilliers par les représentant⋅es des personnels d'enseignement et d'éducation.
- Des moyens humains pour l'éducation
La mobilisation contre le «Choc des savoirs» et pour un choc de moyens a été historique et remarquable et elle semble avoir eu quelques effets. Si le nombre de
personnel·les enseignant·es absent·es à la rentrée 2024 a été réduit par rapport à la rentrée 2023, cela ne nous satisfait pas pour autant.
La première période de l’année scolaire a été quelque peu chaotique car plusieurs personnel·les d’enseignement n’ont pas été remplacé·es. L’un d’eux a été absent depuis la rentrée scolaire de septembre et n’a quasiment pas été remplacé pendant la durée de son absence de longue durée, pendant plus d’un mois. Ce sont trois classes et deux groupes de collégien·nes qui ont été privées de français et de latin chaque semaine. De même, des BMP en arts plastiques et en technologie sont restés vacants plusieurs semaines après la rentrée.
Plusieurs AED ont également manqué pendant plusieurs semaines faute de recrutement.
Nous exigeons que ces absences de longue durée soient remplacées rapidement sur leur service spécifique. Les non-remplacements des absences longues dans notre établissement sont malheureusement des situations trop fréquentes dans notre établissement mais ont de très lourdes conséquences pour nos élèves. A chaque fois il nous est répondu qu’aucun·e titulaire sur zone de remplacement ou contractuel·le n’est mobilisable.
Aussi l’indispensable équipe d’ATTEE est incomplète. Cela génère surcharge de travail et dégrade les conditions d’étude et de travail des personnel·les et des usager·es.
Cette situation n’est pourtant pas une fatalité. Pour cela, le Ministère doit cesser de supprimer des postes chaque année. Aussi nos métiers doivent être rendus plus attractifs.
Cela doit passer par une réelle revalorisation de nos salaires sans contrepartie et une amélioration de nos conditions de travail. La GIPA (garantie individuelle du pouvoir d'achat) est pourtant supprimée, et le point d’indice reste gelé : la GIPA doit être rétablie et les personnel·les revalorisé·es.
Alors que le ministère se gargarise de la mise en place du Pacte, la situation de notre collège montre qu’il ne répond pas aux besoins réels, les absences de longues durées ne pouvant pas être compensées par des blocs de 18h. Il fait diversion avec le Pacte qui se révèle être un écran de fumée mais dans le même temps on annonce la suppression de 4000 postes pour 2025, ce qui surchargera les classes et dégradera les conditions de travail et d’apprentissage des élèves, alors que les classes françaises sont déjà les plus chargées d'Europe.
Nous revendiquons des conditions d’étude et de travail dignes pour notre département aussi. Aussi faut-il recruter et améliorer nos conditions de travail.
- Les dégâts du « Choc des savoirs »
Comme nous le craignions, le plan « Choc des savoirs » du ministère dessine une École de l’assignation sociale et tend à transformer le métier de professeur·e concepteur et conceptrice de son enseignement en technicien·ne d’application. Nous nous félicitons de notre mobilisation ayant empêché la mise en place de groupes de «niveaux»/ «besoins» et d’avoir quelque peu limité grâce à notre action les dégâts pour la scolarité des nouveaux·elles collégien·nes.
Toutefois, l’organisation matérielle en regroupements induit des contraintes telles, sur tous les emplois du temps, que les conditions d’étude pour les élèves et de travail pour les professeur·es s’en trouvent encore dégradées. L’éclatement du groupe classe dès la Sixième participe à casser le collectif de travail et produit sur de très jeunes enfants les effets délétères que l'on observe déjà au lycée depuis la réforme Blanquer.
Le plan « Choc des savoirs » attaque la liberté pédagogique des professeur·es en imposant des méthodes et des pratiques (progression commune imposée, restriction dans le choix d’étude des séries de livres…). Nous voyons poindre les dangers à venir : manuels certifiés, applications utilisant l’intelligence artificielle censées être plus performantes que les enseignant·es… C’est mépriser la profession et la reléguer elle aussi au rang d’exécutant·es.
Au collège G. Halimi à Aubervilliers, la mise en place de la “réforme Attal”, contre l’avis des personnel·les, a conduit à :
- une complexification des emplois du temps des élèves de 6ème et de 5ème, et une perte de sens dans le travail relationnel entre les parents et les professeur·es principaux·ales, qui parfois n’ont pas les élèves en cours !
- l’impossibilité de travailler de manière interdisciplinaire depuis l’éclatement du groupe-classe.
- des emplois du temps pour les élèves anti-pédagogiques et qui ne respectent pas les recommandations liées au rythme scolaire pour les enfants et adolescent·es (avec deux fois la même matière dans la même journée, avec trois heures de mathématiques consécutives en 6e et en 3e…).
- des cours extrêmement tardifs (jusqu’à 17h10 de façon répétée dans plusieurs disciplines) dégradant le climat scolaire et aggravant les risques psycho-sociaux.
- la suppression de nombreux demi-groupes en 4ème et 3ème pour récupérer dans la marge d’autonomie les heures professeur·es nécessaires à la réforme.
- des “barrettes” de groupes d’élèves qui constituent une contrainte importante sur les emplois du temps.
- des emplois du temps des enseignant·es déstructurés avec des “trous”, des horaires tardifs ou très matinaux.
- la suppression d’un semestre de piscine pour apprendre à nager, un savoir vital…
Le flou et la confusion des propos de la ministre A. Genetet quant à la rentrée prochaine nous scandalise. Annoncer la poursuite du «Choc des savoirs» sur le mode de la bande-annonce de film est affligeant. Notre quotidien n’est pas de la fiction. C’est la vraie et dure vie face à cette réforme décriée. Annoncer une refonte simultanée des programmes en Cinquième, Quatrième et Troisième à la rentrée 2026 est une énième marque d'un profond mépris pour les professeur·es. Les enseignant·es feraient face à une charge de travail déraisonnable, aux dépens de leurs autres missions et de leur santé.
Il apparaît ainsi impossible de répéter cette organisation l’année prochaine. Nous nous opposerons, dans les instances de dialogue social comme dans la rue, à la poursuite de destruction du collège par la mobilisation cette encore.
- Jours de carence & « absentéisme »
En opposant le secteur privé au secteur public afin d’augmenter de deux jours le nombre de jours de carence imputables aux fonctionnaires et de réduire à 90% le remboursement des arrêts pour un congé maladie ordinaire, le Ministre de la Fonction Publique, Guillaume Kasbarian, a particulièrement choqué les personnel·les. Les chiffres globaux qu’il a évoqués sont peu significatifs au regard de la structuration sociale des agent·es du service public (plus âgé·es, plus féminin·es…) et de leurs conditions de travail dégradées, et stigmatisent les personnel·les au lieu de les soutenir et de répondre à leurs revendications légitimes. Comment un Ministre de la Fonction Publique ose-t-il faire cela ?
Les personnel·les sont aussi très choqué·es par le terme d’«absentéisme» employé par le Ministre et repris à l’envi par les médias. Les personnel·es absent·es pour maladie sont malades : remettre en question ce droit au congé maladie par une sanction financière serait une grave atteinte à leurs conditions de vie, qui frapperait plus particulièrement les personnes handicapées, les femmes et les personnes plus âgées. Une telle réforme renforcerait les inégalités. Contrairement à 60% du Privé, les Fonctionnaires perdent déjà totalement un jour de carence. Aucune mutuelle ne vient combler cette perte de traitement.
Une telle réforme renforcerait aussi la perte de pouvoir d’achat qu’ils et elles subissent déjà depuis trop d’années. Une telle réforme affecterait encore davantage le manque d’attractivité des métiers de l’Education et renforcerait les difficultés à recruter dans ce secteur et assurer les remplacements, et ce au détriment de l’intérêt général.
Nous nous opposons donc fermement à un tel projet inégalitaire et inefficace. De plus, nous demandons la suppression du jour de carence actuellement subi par les personnel·les de la Fonction Publique.