Amplifions la solidarité avec les mineur·es isolé·es du collectif des jeunes du parc de Belleville !

Communiqué de la fédération SUD éducation

Depuis trois mois, 450 jeunes mineur·es isolé·es occupent le premier étage de l’immense bâtiment de la Gaîté Lyrique pour échapper à la rue et au froid hivernal. Depuis l’été 2023, ces jeunes vivaient et dormaient dans le parc de Belleville avec un fort soutien des habitant·es du quartier. Ils et elles revendiquent des places d’hébergement, leur scolarisation, la reconnaissance de la présomption de minorité et l’accès aux services de santé. Or, l’État bafoue ces droits fondamentaux pourtant inscrits dans la convention internationale des droits des enfants signée par la France.

La Mairie de Paris n’apporte aucune solution satisfaisante aux 450 jeunes qui occupent la Gaîté Lyrique dans des conditions très difficiles. De même, le rectorat de Paris entrave de fait la scolarisation d’une grande majorité de ces jeunes, en ne proposant pas assez de créneaux de rendez-vous pour les tests préalables au centre académique pour la scolarisation des élèves allophones nouvellement arrivés et des enfants issus de familles itinérantes et de voyageurs, en compliquant les formalités pour leur scolarisation (notamment en mettant uniquement des procédures par internet) et en ne les affectant bien trop souvent que dans les filières les moins attractives.

La situation des jeunes qui luttent pour leurs droits à Paris n’est pas isolée dans un contexte d’explosion des actes et des discours racistes encouragés par une extrême droite nauséabonde et par un gouvernement toujours plus réactionnaire qui utilise les personnes migrantes étranger·es comme des bouc-émissaires. Les enfants sont les premières victimes des politiques migratoires racistes. En 2022, il y avait 15 000 mineur·es isolé·es étranger·ères en France. La loi immigration n’a fait que renforcer leur précarité.

Malgré ce contexte particulièrement difficile, le collectif des jeunes du parc de Belleville a remporté des victoires successives en arrachant des centaines de places d’hébergement à la mairie de Paris et des dizaines de places dans les lycées ou collèges. Depuis septembre 2023, ce sont plus de 800 jeunes qui ont été mis·es à l’abri dans des gymnases grâce à des occupations ou des actions. Depuis septembre 2024, ce sont 200 jeunes qui ont pu être scolarisé·es dans plus de 20 lycées parisiens.

Ces victoires sont à mettre au crédit de la lutte et de l'auto-organisation du collectif. Contre vents et marées, des assemblées générales sont très régulièrement tenues : c’est le cadre de décision collective indispensable à l’organisation fréquente de rassemblements, manifestations, interventions publiques. Ainsi les jeunes sont reconnu·es par le rectorat et la Mairie comme interlocuteur·rices légitimes dans les audiences.

Que ce soit pour le logement, l’éducation, la santé ou la présomption de minorité, le collectif des jeunes du parc Belleville se bat dans une perspective résolument antiraciste puisqu'il s'agit d'obtenir une égalité des droits et de lutter contre toute forme de discrimination. Ce combat se mène dans un contexte où le racisme est l'élément qui détermine la majorité des positionnements et décisions politiques de celles et ceux qui gouvernent ou prétendent gouverner. Cela ajoute une dimension politique supplémentaire à cette lutte que SUD éducation salue. En effet, le fait que des jeunes parviennent dans une situation de précarité et de dénuement extrêmes à obtenir des victoires et à exister politiquement et socialement alors que l’État et les pouvoirs publics en général cherchent à les invisibiliser totalement devrait nous faire réfléchir à tous les reculs sociaux que nous subissons depuis des années. Cela montre que les victoires en termes de luttes sociales dépendent beaucoup de notre capacité à nous organiser collectivement et solidairement entre premiers et premières concerné·es et allié·es.

Aujourd’hui, cette occupation par le collectif s’inscrit dans un rapport de force et de résistance qui fait de la Gaîté Lyrique le bastion de l’offensive antifasciste contre des politiques discriminantes et racistes du gouvernement en place et contre les attaques sauvages d’une extrême droite de plus en plus virulente.

SUD éducation appelle l’ensemble des personnels de l’Éducation nationale et des universités à s’engager activement dans la lutte contre le racisme, pour un système d’accueil digne et l’égalité des droits de toutes et tous. Les pouvoirs publics et les adultes qui occupent des responsabilités ne garantissent pas à chaque jeune, à chaque enfant, avec ou sans papiers, des conditions de vie ouvrant droit à un futur meilleur et à des moments de bonheur. Il nous appartient donc de lutter pour que l’État français cesse de nier les droits de l’enfance de milliers de jeunes et pour imposer une égalité des droits pour toutes et tous.

Chaque jour, 530 repas sont achetés grâce à la cagnotte solidaire alimentée par de plus en plus de citoyennes et citoyens qui ne veulent pas d’une politique raciste et réactionnaire. La lutte continue et s’amplifie.

Pour faire un don au collectif des jeunes de Belleville : https://www.helloasso.com/associations/liberte-egalite-papiers/formulaires/1