Cinquième vague dans le 93 le bateau éducation nationale en train de couler

Dans le 93 les travailleurs de l’éducation sont effarés, une nouvelle vague épidémique avec un virus qui circule en priorité chez les plus jeunes donne lieu à une situation catastrophique. Malgré plusieurs avertissements des personnels de l’éducation quant à l’absence de mesures prises, des protocoles vides de moyens et de sens, le ministère continue de faire la sourde oreille et en premier lieu Blanquer qui se permet même d’affirmer qu’il n’y aurait pas d’explosion de l’incidence chez les enfants et que le mot serait trop fort.

Source :https://www.liberation.fr/checknews/covid-19-la-classe-dage-des-5-11-ans-est-elle-celle-ou-lepidemie-progresse-le-plus-20211206_ELDCSWWDXRGWNOFZV3ZJMVPXEU/

Si le 93 se voit autant touché c’est notamment du fait de sa densité de population ; de sa pauvreté ; de la difficulté d’accès aux services publics, notamment de santé ; de la surcharge des établissements scolaires, avec l’explosion des effectifs par classe, réforme après réforme. Le manque de moyen encore, ni masques neufs distribués, la chasse au trésor pour trouver les bonbonnes de gel hydroalcooliques et l’absence de dépistage systématique permettent de maintenir un flou sur la réalité de la circulation du virus. Le manque de personnels encore, profs, AED, AESH, agents, déjà en sous-effectif sont non remplacés. Les élèves subissant une éducation en pointillé où les programmes non adaptés les mettent plus que jamais en situation d’échec, ajoutant ainsi du stress dans un contexte où la santé mentale des plus jeunes est déjà sensible.

Les remontés des collègues sont significatives quant à une situation plus que critique, n’en déplaise à Jean-Michel :

« École élémentaire Anatole France du pré saint Gervais, c’est la cata :

3 profs en Covid (un quatrième en attente de résultats..)

3 autres arrêtés pour maladie ou par peur d’être contaminés 

Le tout sur 14 classes. Beaucoup d’élèves positifs mais pas tous dans la même classe ou alors à trop d’intervalle de temps ce qui empêche la fermeture des classes et entraîne de nouvelles contaminations… 

Remplaçants insuffisants, donc les élèves restent chez eux, sans continuité pédagogique, ou bien sont répartis et donc brassés… difficultés à vérifier les tests et pour que les familles gardent les enfants cas contact famille… parents d’élèves en colère…Moral de toute l’équipe au plus bas, plus de masque ni de gel de la part de l’EN depuis belle lurette, aucun soutien de l’IEN… Nous sommes en train de remplir des fiches CHSCT. »

Sur l’école maternelle Robert Doisneau Saint-Denis :

- une classe est fermée depuis une semaine

- une collègue positive et malade depuis 10 jours

- difficulté pour les parents de trouver un lieu pour le test salivaire de leur enfant.

Sur l’école Casarès Saint-Denis :

- Une classe fermée

« Dans les écoles primaires de La Courneuve, c’est la même cata. Dans mon école Paul Langevin, 2 classes sont fermées car 1 prof positif dans l’une et au moins 4 élèves positifs dans l’autre (CE2). Et encore, ça c’était mardi, on va voir ce qu’il se passe dès demain. A Paul Doumer, 3 classes fermées mais toujours pas l’école. Cerise sur le gâteau : nous aurons des tests de dépistage dans les écoles mardi et jeudi prochain avec les résultats vendredi, jour des vacances ! Quel flair ... Quant au non-brassage avec la cantine, l’étude et le centre de loisirs : sans commentaires. Comme depuis 2 ans. De plus, toutes les écoles manquent de savons, de papier, de nettoyage régulier, etc. »

« Au collège Jean Vilar de La Courneuve, c’est la cata depuis 3 semaines. Nous avons eu jusqu’à 9 classes en éviction en même temps (soit plus d’un quart des classes) et jusqu’à 6 collègues positifs en même temps. Suite à une fiche dans le registre de sécurité pour que l’on mette en place des mesures locales, nous suivons le protocole 3 des écoles primaires pour les 6èmes et les mesures sanitaires de l’an dernier (non brassage des élèves) depuis la fin de semaine dernière. »

Au collège Joliot Curie de Stains, il n’y a aucune mesure qui s’est ajoutée depuis le début de la cinquième vague. En revanche, on compte :

- 3 collègues positifs sur les deux dernières semaines

- Plusieurs élèves malades dont le nombre n’est cependant pas possible à préciser. Beaucoup d’infos qui nous sont données par les élèves ne sont pas confirmées par la direction

- Une classe s’est retrouvée en éviction

- Gel et virucide sont accessibles

- Un purificateur d’air a été acheté et placé à la cantine

- La principale mesure reste d’ouvrir les fenêtres dans les classes.

 

Au lycée Paul Eluard à Saint-Denis :

- La section sud de l’établissement a dû demander à la direction de rappeler l’importance des gestes barrières. Résultats : un message technocratique aux élèves et à leur famille, sans aucun impact, ni pédagogie (par exemple sur ce qu’il faut faire avec les cas contacts : on renvoie juste à la doc officielle)

- Gel et virucide souvent inaccessibles

- Pas de capteurs de CO2 mis à disposition

- Les purificateurs d’air achetés ont été mis à la cantine (ce qui est bien) et dans des salles, comme la salle des profs du général, qui peuvent être aérées... alors que des salles de classe du secteur STI sont sans fenêtre.On a demandé l’achat de purificateurs en plus, ce qui doit passer par une modification budgétaire adoptée en CA.

 

Les communiqués des Lycées Alfred Nobel et Mozart sont également significatifs de cette absence de moyens couplée à un mépris de la hiérarchie.

 

Rappelons que désormais, pour 25 000 employé·es de l’Éducation Nationale en Seine-Saint-Denis, il n’y a aucun·e médecin·ienne de prévention ! Dans les établissements scolaires, plus de 10% des postes d’infirmier·es sont encore à ce jour non pourvus !

Comment s’étonner encore d’une propagation du virus dans ces conditions ?

À notre plus grand désarroi nos revendications datant de la première vague sont toujours d’actualité, dénigrées par une hiérarchie qui ne veut pas débourser le moindre centime et fait passer ses économies avant la santé des élèves et des personnels. Nous sommes toujours solidaires des travailleur·euses de la Santé, en lutte pour des conditions décentes et de vrais moyens. SUD Éducation réclame :

• la possibilité de mettre en œuvre des dédoublements pour garantir la distanciation physique

• un recrutement massif de personnels pour permettre un maintien des heures de cours pour les élèves de Seine-Saint-Denis : ouverture des listes complémentaires, le réemploi des contractuels en fin de contrat fin août (pour ces dédoublements et pour le remplacement), d’AED et AESH, de médecins et infirmières scolaires, d’assistantes sociales, de PsyEN, d’agents

• des mesures pour garantir la santé et la sécurité au travail :

- la protection de tou.te.s, personnels et élèves. Désinfection, aération, masques gratuits et aux normes pour tous, tests généralisés...

- la reconnaissance des droits de retrait qui ont eu lieu et le paiement des jours de grève

- l’abrogation du jour de carence et la reconnaissance du Covid comme maladie professionnelle

- une communication transparente sur les situations de COVID dans les écoles, les services et les établissements

- du temps de concertation pour les personnels afin de réfléchir aux adaptations pédagogiques, et à l’application locale des mesures sanitaires protectrices

- l’abrogation des réformes

- l’aménagement des programmes et des examens terminaux

- la mise à disposition de toutes les installations sportives disponibles pour l’éducation physique et sportive et le sport scolaire

- une aide financière exceptionnelle pour l’achat de matériel pédagogique en EPS et dans toutes les matières devant adaptées leurs pratiques pour les établissements scolaires en demande suite à la réorganisation des activités pratiquées