Les personnels du lycée Gustave Eiffel de Gagny ont exercé leur droit de retrait le jeudi 5 septembre 2024 considérant que les conditions n'étaient pas réunies pour accueillir les élèves. Ils⋅elles ont adressé un courrier à la Rectrice et au DASEN.
Madame la Rectrice,
Monsieur le DASEN,
En raison de l'impréparation de la rentrée 2024-25 au lycée Gustave Eiffel, de la désorganisation qui en résulte et des conséquences sur les professeur⋅es et les élèves, la formation spécialisée en santé et sécurité au travail a été saisie par un droit d'alerte et une trentaine de collègues de l'établissement ont fait valoir individuellement leur droit de retrait, considérant qu'iels ont un motif raisonnable de penser être en situation de danger grave et imminent.
Cette procédure paraît d'autant plus justifiée qu'il s'agit de la deuxième rentrée au cours de laquelle des difficultés très importantes sont constatées et ont des conséquences possiblement graves sur la santé psychique des collègues. Des propositions avaient pourtant été faites par les enseignant⋅es lors des différents conseils pédagogiques de l'année 2023-24 pour faciliter la constitution des emplois du temps, notamment par la diminution de la combinaison des spécialités.
Or, il s'avère que la présente rentrée semble témoigner d'une absence totale de préparation. la première version des emplois du temps n'a été remise aux personnels que le 30 août lors de la prérentrée. Le dimanche 1er septembre à 21h59, un message de la proviseure a annoncé sa décision de "déconstruire et reconstruire entièrement les emplois du temps". Ces derniers n'ont été accessibles que le mercredi 3 septembre à 9h, après la rentrée effective de certaines classes alors que l'administration s'était engagée à les rendre disponibles dès le lundi. Dans cette version, les salles de cours n'étaient pas systématiquement mentionnées et des incohérences très importantes subsistent :
- des professeur⋅es principaux⋅ales n'ont pas la classe ou ont très peu d'élèves dans la classe dont on leur a confié la responsabilité, parfois sans leur accord ;
- certain⋅es enseignant⋅es ont un nombre d'heures de cours excédant très fortement (et de plus de 2h/semaine) les demandes des équipes pédagogiques ;
- certain⋅es enseignant⋅es travaillent le lundi matin et le samedi et/ou six jours par semaine, d'autres ont dans leur emploi du temps des discontinuités pouvant aller qu'à 5h dans la même journée ;
- des enseignant⋅es ayant cours à la fois dans le secondaire et le supérieur (BTS/CAAP) subissent des incompatibilités ou des alourdissements majeurs d'emploi du temps ;
- en conséquence, les élèves on également des emplois du temps avec des discontinuité et des incohérences non encore résolues au jour de la rentrée, notamment pour le déjeuner de certain⋅es élèves de seconde ;
- certain⋅es élèves n'ont pas le volume horaire prévu par les textes réglementaires dans certaines matières sur l'emploi du temps qui leur a été distribué ;
- il apparait également que certaines classes semblent avoir été constituées sans tenir compte des profils des élèves ni de leurs choix d'option/spécialités ce qui rend très difficiles les modifications d'emplois du temps.
Compte tenu de ces différents éléments, l'accueil des élèves s'est effectué de manière chaotique en l'absence de consignes claires de la part de la direction, ce qui a entraîné du stress chez nombre d'enseignant⋅es. au jour de la rentrée, des modifications d'empois du temps, qui excèdent les changements marginaux des emplois du temps provisoires, sont encore en cours et à venir.
Cette situation inadmissible, car elle aurait pu être facilement évitée, génère un stress et un mal être qui peuvent être assimilés à de la maltraitance institutionnelle au travail. Sur le plan professionnel, les changements impromptus, voir sans être prévenu⋅e, entraînent une instabilité récurrente, perturbent gravement l'organisation du travail et ont un impact sur la santé des collègues. Ces mêmes changements ne tiennent aucun compte des contraintes personnels de chacun (garde d'enfants, rendez-vous médicaux, préparation des concours internes...).
En outre, les tentatives de discussion et d'échange de nos représentant⋅es avec la direction se sont soldées par un refus pur et simple. Nous dénonçons cette absente totale de dialogue.
Dans ces conditions, nous estimons qu'il n'y a pas de rentrée possible dans notre établissement et demandons de façon urgente le report de la rentrée scolaire au lundi 9 septembre, ainsi que des améliorations radicales et nécessaires nous permettant d'exercer nos missions dans des conditions décentes.
Veuillez agréer, Madame la Rectrice, Monsieur le DASEN, l'expression de notre attachement au service public d'éducation.
Les personnels du lycée Gustave Eiffel soutenu⋅es par leurs sections syndicales SNES-FSU et Sud éducation