En avril 2019, neuf enseignantes du collège Robespierre à Épinay-sur-Seine dénoncent des faits de harcèlement sexiste et sexuel de la part d’un de leurs collègues à leur chef d’établissement. Depuis, elles entreprennent un véritable parcours des combattantes pour se faire entendre et que la situation soit prise en compte par l’administration.
Déjà lors de l’enquête administrative, elles subissent, à plusieurs reprises, des remarques culpabilisantes et inappropriées de la hiérarchie, validant le pire de la culture du viol : « comment étiez-vous habillées de jour-là ? », « certes, il faut protéger les victimes mais aussi l’accusé, faudrait-pas qu’il nous claque entre les doigts », « est-ce que vous avez dit non ? C’est important de dire non. », « Si vous ne portez pas plainte, cela sera compliqué pour l’administration de réagir »...
En juin 2019, elles obtiennent la protection fonctionnelle, c’est-à-dire que l’administration a le devoir de les protéger, de leur apporter assistance juridique et de réparer les préjudices subis.
Aujourd’hui, plus de trois ans après la dénonciation des faits, l’agresseur est toujours en poste au collège. Le rectorat a pourtant reconnu sa culpabilité, puisque celui-ci a écopé d’une sanction. Plusieurs des victimes sont toujours dans l’établissement. D’autres l’ont quitté. Toutes subissent encore les conséquences physiques et psychologiques des violences qu’elles ont subies.
Après avoir saisi la justice, sept d’entre elles reçoivent une convocation au tribunal de grande instance de Bobigny le 9 novembre pour témoigner en qualité de victimes. Le 9 novembre, le tribunal décide de reporter l’audience au 28 juin, estimant le temps imparti insuffisant au regard de l’ampleur du dossier.
Parallèlement, le rectorat entrave les démarches entreprises par les victimes : alors que le procès doit se tenir dans un mois, le service des protections fonctionnelles n’a toujours pas signé les conventions de prises en charge des frais d’avocat. Si ce n’est pas fait à temps, les victimes devront avancer les frais elles même.
Après de multiples appels, le service en question prétend ne pas avoir reçu les dîtes conventions. Pourtant, elles ont bien été envoyées, nous avons même un accusé de réception qui le confirme.
Ce n’est pas une première pour le rectorat, qui, il y a quelques mois, a avoué avoir perdu le dossier de demande de protection fonctionnelle de l’une des victimes.
Alors qu’aujourd’hui en France, 20 % des femmes déclarent avoir été victimes de harcèlement sexuel au cours de leur vie professionnelle (Sondage Ifop de 2014), le rectorat de Créteil entretient la culture du viol, n’assume pas son devoir de protection des victimes en n’éloignant pas l’agresseur, et ralentit les démarches judiciaires qu’elles entreprennent.
SUD éducation 93 revendique :
- Des campagnes de prévention pour les personnels et les élèves.
- Des mesures de protection des agentes et des élèves qui dénoncent les violences sexuelles ou sexistes
- Des formations assurées par l’AVFT (Association contre les Violences faites aux Femmes au Travail) pour les équipes qui en ressentent le besoin et des moyens, du temps, de la formation et des personnels pour une éducation aux sexualités au-delà des 3h annuelles.
- La création d’un poste de référent·e "violences sexistes et sexuelles" au sein du service des ressources humaines du rectorat afin d’éviter que les signalements de violences sexistes ou sexuelles ne restent des semaines sinon des mois sans réponse
- Une cellule d’écoute effective gérée par des personnels formé·es, et une communication d’ampleur quant à l’existence de cette cellule auprès de l’ensemble des personnels
- Des créations de postes suffisantes pour que chaque circonscription et chaque établissement soit doté de postes de médecins et/ou d’infirmier·es à temps plein et/ou d’assistant·es de services sociaux.