Avec 2 millions de manifestant·es dans les rues le 19 janvier, le pari d'une première journée de grève massive contre la volonté politique de dégrader les conditions de départ en retraite est tenu. Le gouvernement qui ne réussit pas à convaincre du bien fondé de sa réforme est sur la défensive. C'est que personne n'est dupe. Il a beau s'en remettre aux lois économiques et aux calculs qui ne mentent pas, tout le monde a compris qu'il s'agit avant tout de considérations idéologiques. Non seulement le gouvernement fait face à un front syndical uni, mais il est de plus en passe de perdre la bataille des idées. La victoire est donc possible si nous restons déterminé·es.
Des mesures qui renforcent la précarité et les inégalités sociales
Beaucoup de travailleur·euses partent déjà avant l’âge « minimum » et sans une retraite pleine et se retrouvent dans la précarité forcée. L’allongement de la durée de cotisation ne fera que renforcer cette précarisation. Comme toujours, les plus hauts salaires pourront s’en prémunir en se constituant une retraite complémentaire via des organismes privés, encouragés par de nouveaux avantages fiscaux.
Des mesures qui renforcent les inégalités de genre
La plupart des femmes ont des carrières hachées, incomplètes, avec des revenus plus ou moins faibles. La précarité, l’inégalité salariale, et la charge de l’éducation des enfants qui repose d’abord sur leurs têtes et leurs corps dans cette société patriarcale, en sont la cause. Beaucoup de femmes ne parviendront pas à cotiser suffisamment pour partir à 64 ans avec des salaires à taux plein et seront donc obligées de travailler jusqu’ à 66 ou 67 ans, pour finir avec un minimum insuffisant pour vivre dignement.
Des mesures validistes
Allonger la durée du travail c’est obliger de plus en plus de gens à se soumettre à des rythmes qui les mettent en difficulté et en souffrance. C’est augmenter les risques de maladie, les risques psychosociaux et plus généralement les risques d’accidents du travail.
Travailler plus longtemps alors que le chômage reste élevé
Nous sommes dans une situation ubuesque où l’âge de départ en retraite est retardé alors que les taux de chômage chez les jeunes et les plus de 50 ans battent des records. Qui sera en capacité de cotiser aussi longtemps dans ces conditions ?
Une politique au service des privilèges d’une minorité
Qu’on travaille jusqu’à ne plus en pouvoir, qu’on parte avec des décotes et en ayant une pension minable, n’est évidemment pas un but en soi pour le gouvernement et les intérêts qu’il protège. C’est juste le prix à payer pour que le projet capitaliste passe du rêve à la réalité : passer du système de la répartition à un système par capitalisation avec des fonds de pension individuels. Le système actuel repose en effet sur la solidarité : une partie du salaire des actif·ves est socialisée pour payer les pensions des retraité·es. C'est insupportable pour les capitalistes qui n'acceptent qu'une forme de relation sociale : les rapports marchands et les profits qu'il est possible d'en tirer.
Les vraies raisons de cette volonté de « réforme » sont connues. Le gouvernement qui s'est engagé à réduire la dépense publique auprès des institutions internationales anticipe une baisse de la croissance dans les années qui viennent. Alors qu'il prétend lutter contre la crise climatique, il ne fait que s'ingénier à perpétuer un système économique devenu mode de destruction de la vie.
Les calculs que nous devons faire sont simples :
L’espérance de vie en bonne santé ou sans incapacité est en France de 64,1 ans chez les femmes et 62,7 ans chez les hommes. Les conséquences insupportables de cette réforme pour tou·tes celles et ceux qui auront la chance de pouvoir un jour devenir vieux/vieilles, sont sans appel. Nous ne pouvons nous résoudre à accepter comme seule perspective de vie de passer directement de notre lieu de travail à un lit d’hôpital (si tant est qu’il en reste) ou assisté·es à domicile par des auxiliaires de vie sous payé·es.
Si l’histoire nous montre que les conquêtes sociales ne sont jamais définitivement acquises, il en est de même pour les reculs imposés par les gouvernements.
SUD éducation 93 soutient toutes celles et ceux qui ont d’ores et déjà décidé de reconduire la grève sans attendre la date du 31 janvier. Nous pensons que le rapport de force que nous devons construire pour gagner passera inévitablement par la reconduction de la grève.
Nous appelons à construire ce rapport de force au plus vite :
✔️ en organisant partout des AG d’établissements et de villes ;
✔️ en tournant dans les écoles, les établissements et les services pour convaincre de la nécessité de la reconduction ;
✔️ en prenant des initiatives militantes localement, lorsque c’est possible (rassemblements, réunions, marches aux flambeaux, affichages, poses de banderoles, interventions dans des réunions officielles organisées par les partis au gouvernement, ...) ;
✔️ en participant à abonder les caisses de grève.
Se mobiliser contre cette réforme injuste c'est se poser ensemble la question de la société que nous voulons pour nous toutes et tous et pour les jeunes. Ne laissons pas l’élaboration de notre futur à celles et ceux qui profitent du système capitaliste et qui n’ont aucun intérêt à ce que soient posées les questions du partage du travail et des richesses, du mode de production et de la transformation de la société.
Le 31 janvier en grève, en AG, en manifestation !
Et d’ici là :
Samedi 28/01 : Aubervilliers : AG adhérent·es des structures Solidaires 93 à 10h, bourse du travail d’Aubervilliers, 92 avenue Victor Hugo.
Lundi 30/01 : AG départementale et intersyndicale éducation spéciale retraite, 18h à la Bourse du Travail de Bobigny
Mardi 31/01 : Assemblées générales de villes dans de nombreuses villes du 93, consultez notre site pour avoir les lieux et horaires précis !
Retrouve le calendrier de Solidaires 93 avec toutes les infos actualisées au fur et à mesure : https://solidaires93.org/index.php/2023/01/21/calendrierdelamobilisation93/