Absence de gestion et maltraitance = danger pour les professeurs, les élèves et leurs proches
Nous, personnels éducatifs du lycée Mozart du Blanc-Mesnil, avons décidé d’exercer notre droit de retrait le mardi 7 décembre pour signaler le danger dans lequel nous exerçons nos conditions de travail.
Une gestion opaque des questions sanitaires :
Nous déplorons l’absence de protocole sanitaire et un manque d’information envers les personnels et les familles : malgré le brassage des élèves induit par la diversité des parcours éducatifs (langues, spécialités, EPS...), des situations favorisant une plus grande promiscuité (cantine, cours d’EPS..) des gestes barrières loin d’être toujours respectés par les élèves au sein du lycée, y compris en lieu clos, aucun élève ne semble être considéré comme cas contact au lycée. Depuis septembre, les professeurs et les familles ne sont plus avertis des cas positifs dans les classes. Les distributeurs muraux situés dans les couloirs ne sont plus alimentés en gel hydroalcoolique. Dans ces conditions, comment freiner une épidémie de Covid en pleine recrudescence au niveau national ? Comment préserver la santé des personnels, des élèves et de leurs proches ?
Nous demandons :
- que les professeurs, les élèves et les familles soient informés lorsqu’il y a un cas positif dans une classe.
- que le travail de contact-tracing soit réellement effectué, que le protocole sanitaire soit appliqué.
- que la direction envoie un message clair aux familles et aux élèves en rappelant les gestes barrières et en demandant à ce que le port correct du masque soit respecté dans les espaces clos et notamment dans les salles de classe et les couloirs.
Une absence de gestion du lycée et des élèves :
Depuis le début de l’année, nous alertons sur la dégradation rapide de l’atmosphère générale de travail au sein du lycée et des classes, ainsi que sur la multiplication des actes de malveillance et de violence. Non seulement, la situation continue de se dégrader, mais encore il semble que rien ne soit prévu pour tenter de contrer ce phénomène inquiétant.
Nous déplorons particulièrement les faits suivants :
- les classes qui dysfonctionnent, depuis le début de l’année ou plus récemment, n’ont fait l’objet d’aucune mesure de la part de la direction. Celle-ci a explicitement refusé de prendre des mesures rapides, ne s’est jamais présentée devant la classe pour soutenir l’autorité des professeurs, a toujours remis à plus tard les propositions de réunions avec l’ensemble des parents demandées par les professeurs. De nombreux professeurs rencontrent des problèmes de discipline et se sentent de plus en plus isolés, sans soutien de la part de la direction.
- dans toutes les classes, les conseils de classe ont été traités avec rapidité. Les élèves qui ont reçu des mises en garde et leur famille n’ont pas été convoqués par la direction. À vrai dire, ils n’ont même pas été mis au courant.
- une dégradation générale a été remarquée dans les couloirs et dans la cour du lycée : des professeurs et des élèves ont reçu des poubelles lancées depuis les couloirs ; des élèves qui n’ont pas cours, ou même qui sont en exclusion interne, se promènent toute la journée dans les couloirs et près des préfabriqués ; les surveillants étant en sous-nombre ne peuvent assurer la surveillance partout où il le faudrait. Nous apprenons régulièrement que les alarmes incendies sont déclenchées plusieurs fois par semaine. Enfin nous rappelons que plusieurs feux de poubelle ont été déclenchés en début d’année.
- enfin des actes violents à l’encontre des professeurs se sont multipliés récemment. Ils n’ont fait l’objet d’aucune sanction pour certains, ou seulement de sanctions dérisoires, sans aucune information à l’équipe pédagogique pour les autres. Par exemple, un professeur a eu, avec la même classe, ses lunettes volées et cassées puis jetées dans la classe, une souris d’ordinateur désossée lancée sur lui, et des tentatives d’intimidation. Un autre professeur s’est fait voler son carnet de notes et agenda.
Tous ces événements sont nouveaux au Lycée Mozart, comme l’a reconnu d’ailleurs la direction elle-même. Mais aucun de ces événements n’ont fait l’objet d’une véritable prise en main, ni même d’une prise au sérieux, la direction ayant plusieurs fois plaisanté sur certains de ces faits rapportés par les professeurs. La plupart du temps, la direction utilise des procédés dilatoires pour refuser d’assumer sa responsabilité. Le bilan de la direction à ce stade de l’année nous paraît accablant.
Une maltraitance envers la communauté pédagogique
Enfin, chaque jour, nous sommes victimes de mépris et d’autoritarisme de la part de la direction, et de ce qui ressemble de plus en plus à du harcèlement moral. Depuis la rentrée scolaire, nombreuses et répétées ont été les occasions où la direction s’en est prise collectivement ou personnellement au personnel éducatif :
Collectivement :
- 8 heures de travail (sans compter les heures de préparation) de tous les professeurs réunis en plénière pour élaborer un projet d’évaluation que le proviseur qualifie de « décevant » (jeudi 21 octobre), avant de le modifier et de l’imposer de force au CA en faisant croire qu’il était validé par les professeurs.
- aucune prise en compte des demandes, pourtant rationnelles, fondées et unanimes, des représentants des professeurs au Conseil d’Administration sans justification autre que « parce que c’est moi qui décide » (mercredi 1 décembre), allant systématiquement contre l’ensemble des avis donnés par les élus (enseignants, parents d’élèves, ou élèves).
- refus par principe (et contre la réglementation) de proposer au vote du CA les motions déposées par les élus, qu’ils soient enseignants, personnels, élèves ou parents d’élèves (« c’est moi qui décide »).
- tentative de fuir les responsabilités inhérentes à son poste comme pour la présidence de l’Association sportive.
- méfiance généralisée et systématique envers les enseignants, y compris dans des contextes publics (CA, conseil de classe, réunions pédagogiques), comportement qui porterait atteinte à l’autorité des enseignants. Remise en question du professionnalisme et maltraitance psychologique des membres de l’équipe enseignante.
Personnellement :
- menaces sur les professeurs ayant manifesté leur refus de devenir professeur principal au début de l’année, de les contraindre à cette fonction sans prime : « j’ai les moyens de vous contraindre » (le 1 septembre), « j’assume cette forme de chantage » (devant une délégation d’enseignants en septembre).
- prise à partie de nombreux enseignants : « vous n’avez qu’à demander votre mutation si vous n’êtes pas contente » (1 septembre), « je vais supprimer vos primes » (semaine du 29 octobre, en conseil de classe devant les élèves), propos infantilisants et péremptoires.
- acharnement à ne vouloir communiquer qu’avec une seule des 14 élus des professeurs au CA au lieu de les informer tous ensemble, contre toute logique rationnelle de fonctionnement et contre des demandes claires de ces élus d’être tenus informés collectivement.
Nous demandons que cesse ce mépris et que la direction fasse son travail ou soit remplacée par quelqu’un qui veuille le faire. Nous souhaitons travailler dans des conditions décentes, respectueuses de notre santé physique et morale.