Une année qui n’en finissait pas
L’année scolaire 2021/2022 s’achève, non sans longueur, non sans douleur. Les dernières semaines ont été ponctuées par des batailles sur la répartition des DHG, sur le manque de moyen mettant les professeurs en compétition entre eux pour répartir les heures. Les affectations sont toujours aussi ubuesques et injustes. La séquence du brevet et toute son organisation inique a su épuiser jusqu’à la fin les professeurs correcteurs. D’autre part, comme si l’année n’avait pas déjà été chargée de son lot de répressions visant les personnels militants et combatifs, l’administration, alors qu’elle peine à répondre aux collègues, a su exceller dans l’art de convoquer et punir jusqu’au dernier moment.
Et comme un dernier signe de mépris, nos collègues les plus précaires – professeurs contractuels, AESH, AED – apprennent à la veille des vacances qu’ils ne seront pas reconduits et n’auront donc plus de travail à la rentrée.
Une éducation nationale en état de crise
Les récents remaniements ministériels sont emprunts d’une certaine idéologie qui donne le ton des cinq années à venir. Le lycée professionnel passé du jour au lendemain sous la double tutelle éducation nationale et ministère du travail renforce la logique d’une jeunesse corvéable à merci, employable à faible coût et soumise aux aléas du marché. Le secrétariat d’État à la jeunesse, quant à lui placé sous la cotutelle du ministère des Armées, témoigne également d’un projet de société autoritaire.
Les réformes Blanquer ont abîmé profondément le secteur, si bien ce métier jusqu’alors perçu comme une vocation n’attire plus. Des professeurs en souffrance qui ont dû encaisser non sans batailles réformes après réformes la dégradation de leurs conditions de travail et la perte de sens de leur profession. Cette fin d’année se termine avec le départ de Blanquer que deux de nos collègues ont eu la bienveillance de chantillonner, geste de courage, que l’ensemble des travailleuses et travailleurs de l’éducation saluent.
Son remplaçant pourtant censé incarner le vernis progressiste n’a pas mis longtemps a adopter l’agenda des idées et réformes néolibérales. Aussi le génie du projet « l’école du futur » de laisser le choix aux chefs d’établissement de recruter et gérer les écoles comme des entreprises, va finir de creuser les inégalités en créant une éducation à deux vitesses. Pour un ministre qui fait le choix de scolariser ses enfants à l’école Alsacienne, établissement privé de l’élite parisienne pratiquant le séparatisme social, rien de plus logique que de saccager le public et d’accélérer la privatisation !
Par ailleurs, sa volonté de remplacer les collègues malades par les collègues d’autres matières a su mettre le feu aux poudres. Et si le point d’indice de la fonction publique a finalement été dégelé de 3,5 %, c’est bien en-dessous du taux d’inflation bondissant. La revalorisation n’est décidément pas en marche.
Face au second quinquennat Macron préparons la bataille !
Puisque les récentes sorties de Pap Ndiaye ne viennent que réitérer la casse du service public d’éducation, les profs ont déjà annoncé la couleur d’un #PasDeRentreeEnSeptembre.
Les nombreuses luttes qui fleurissent sur la question de l’augmentation des salaires au lendemain des législatives (Roissy, Chronodrive, SNCF, CHU, Carrefour) témoignent que notre classe dans son ensemble est prise à la gorge par la situation politico-économique. Les projets de Macron ne vont pas arranger la donne : nouvelle réforme des retraites, nouvelles attaques contre les chômeurs, les allocataires du RSA ou le Code du travail, dans la continuité des ordonnances Loi Travail de 2017. Autant de raisons de se préparer aux batailles, de s’organiser, aux côtés des autres secteurs.
Prenons des forces durant les vacances d’été pour être en forme à la rentrée puisque sans bataille d’ampleur pour un autre système, pour une autre société, nous ne saurions ériger une autre école à même d’éduquer et d’émanciper réellement la jeunesse !