Stop à la répression dans les colonies, et à la criminalisation des militant·es indépendantistes en Kanaky !

Communiqué de Sud éducation 93, le 23 septembre 2024

Soyons nombreus·eux au rassemblement en solidarité avec le peuple kanak ce mardi 24 septembre, à 17h30 place de la Nation à Paris puis à partir de 20h au CICP 21 ter rue Voltaire. Plus d'infos

Dans la nuit de mercredi 18 au jeudi 19 septembre, une opération militarisée du GIGN a tué deux Kanaks de la tribu de Saint-Louis, Samuel Moeika, 30 ans, et Johan Kaidine, 29 ans. Rock Victorin Wamytan, figure de la tribu de Saint-Louis, avait déjà été abattu par un tir de sniper en juillet dernier. Le bilan s'alourdit avec au moins 13 morts connus depuis le début de la révolte kanak en mai.

L'État colonial français continue sa répression entamée il y a plusieurs mois : la pression sur la tribu de Saint- Louis, bastion indépendantiste ne cesse de croître. Le territoire est bouclé et les habitant·es sont parqué·es comme dans une réserve. La tribu est coupée du reste de l'archipel depuis 2 mois. Leur quotidien n'est que contraintes, isolement et violences, rappelant certaines méthodes de répression coloniale utilisées par exemple en Algérie. Une répression coloniale féroce s'est abattue sur des militant·es de la CCAT. Ils ont été déporté·es dans les geôles coloniales en subissant plus de 30h de vol, menotté·es et enchaîné·es, jusqu'en France sans soutien de leurs proches. Christian Tein, leader de la CCAT est d'ailleurs originaire de Saint Louis. Les déporté·es sont emprisonné·es dans différentes régions de France, l'une d'entre elle est même une jeune mère de famille privée de tout contact avec ses proches.

L’État français cherche déjà à justifier les meurtres policiers du 19 septembre et continue à criminaliser les militant·es indépendantistes en Kanaky. L'État a prolongé le couvre-feu et son durcissement ces jours-ci et depuis des mois, il réprime dans le sang la lutte du peuple kanak afin de maintenir coûte que coûte sa domination dans les colonies.

En Martinique, un couvre-feu vient d’être décrété pour tenter d'étouffer le mouvement de contestation contre la vie chère, qui dénonce une des formes de domination coloniale : l'économie de comptoir étant aux mains des descendant·es de békés, notamment le groupe Bernard Hayot et consorts (le syndicat des distributeurs grossistes alimentaires.... ) véritable empire colonial qui s'étend aussi dans d'autres colonies comme la Kanaky. Suite au transfert à l'hôpital d'un jeune blessé par un tir policier dans la nuit du 16 au 17 septembre, un couvre- feu dans certaines zones de Fort-de-France a été déclaré entre 21h et 5h depuis mercredi 18 septembre, assorti d'une interdiction de manifester.

La compagnie CRS8 - tristement célèbre pour sa répression dans les quartiers populaires et dans les colonies départementalisées que ce soit en Guadeloupe ou plus récemment à Mayotte lors de l'opération Wuambushu - a été envoyée en Martinique le 21 septembre, (phénomène inédit depuis les révoltes de 1959), alors que les manifestant·es ont bravé ces honteuses interdictions et envahi une partie de l'autoroute dans la nuit pour exprimer leurs revendications.

Un préavis de grève reconductible à partir du 26 septembre a été déposé et publié dans un communiqué de presse le 20 septembre par le syndicat CGTM.

Dans plusieurs villes, des rassemblements sont organisés pour la journée de mobilisation du 24 septembre, date de commémoration du début de la colonisation française en 1853. (date reportée par le sénat coutumier en raison du deuil suite aux meurtres des 2 kanak le 19/09/24)

Comme enseignant·es et pédagogues, nous n'oublions pas que c'est notre mission d'aider les élèves à s'informer sur le monde. Construire l'esprit critique, c'est aussi déconstruire les discours et pratiques racistes et coloniaux et faire l'histoire des résistances et contre-discours.

Face à cette répression coloniale, il est fondamental de poursuivre le soutien au combat indépendantiste et aux familles des victimes de la répression, ainsi qu'aux revendications contre la vie chère, en Kanaky, en Martinique et dans les Antilles, en Guyane, à la Réunion, et à Mayotte.

Libération de tous les prisonniers et notamment des indépendantistes déportés en France !